Nationalité américaine
Né en 1957 à New York (États-Unis)
Vit et travaille à New York (États-Unis)
Biographie
Bibliographie
Liste expositions

Biographie

Tony Oursler sort diplômé du California Institute for the Arts (BFA) en 1979, après avoir effectué des études artistiques au Rockland Community College dans l'Etat de New York. Il réalise en 1976 sa première bande vidéo, Joe, Joe's Woman and Joe's Transsexual Brother, qui met en scène des jouets (Barbie et GI Joe) sur une intrigue qui joue, de manière ironique, avec la définition du spectacle télévisuel selon Oursler : sexe et violence. Il dit que tous les éléments de base, sur lesquels il continue de travailler, se trouvent déjà dans ce vidéogramme. Avant de terminer ses études, il élabore quatre autres bandes vidéo : Diamond (Head), Life, Good Things and Bad Things, Rosey Finger of Dawn
. Sa première présentation publique a lieu dans une exposition collective, en 1978, à l'Institute of Contemporary Art de Los Angeles. L'année suivante, il présente ses oeuvres, toujours en collectif, notamment à New York et à la 11e Biennale de Paris. Sa première manifestation personnelle, intitulée One Choice, a lieu à l'University of California de Berkeley. Il expose, la même année, successivement à New York et Chicago (Video Viewpoints). En 1982, il montre l'ensemble de ses bandes vidéo à la Kitchen [The Kitchen Center for Music, Video and Dance] de New York. Les bandes des années 80 mettent en scène des personnages (en pâte à modeler, en carton, acteurs en costumes...) qui ont tous en commun un comportement social et sexuel déviant. Ces "marionnettes" évoluent à l'intérieur de décors expressionnistes dont les artifices de mise en scène rappellent l'univers de Méliès pour ironiser sur les mythes et les conventions de la culture télévisuelle. Parmi les réalisations de l'artiste, on trouve The Loner (1980), récit d'un paranoïaque errant dans un univers où règne l'obsession macabre et l'aliénation sexuelle, et Grand Mal (1981), un conte extravagant sur le malaise culturel postmoderne. Tony Oursler réalise à Los Angeles en 1983 une performance avec Mike Kelley (X Catholic). En 1984, il participe à The Luminous Image au Stedelijk Museum d'Amsterdam. Jusqu'en 1985, il expose essentiellement aux Etats-Unis. Le Centre Georges Pompidou, en 1986, lui permet de réaliser une installation importante, Sphères d'influence, conçue comme un parcours où la ville de Paris sert de cadre à un voyage dans le monde psychologique et les folies du quotidien induites par la technoculture. En 1987, il participe à l'exposition L'Epoque, la mode, la morale, la passion à Paris (Centre Georges Pompidou) et à la documenta 8 de Cassel. Le "Lieu", Centre d'art actuel, au Québec, accueille en 1988 l'exposition Tony Oursler's Works. Tony Oursler expose, toujours en 1988, au Los Angeles Center for Photographic Studies avec Constance Dejong, avec qui il réalisera l'année suivante - comme en 1996 et 1997 - une performance (Relatives) à la Kitchen. Constance Dejong est un auteur dont les performances se perçoivent comme une extension naturelle de son travail sur l'écriture. Elle collabore également avec Tony Oursler pour la réalisation de Joy Ride™. Entretemps, celui-ci réalise à New York Constellation : Intermission. En 1989, à Dusseldorf, l'exposition Drawings, Objects, Videotapes montre divers aspects de sa création. A la galerie Segue, à New York, il conçoit On Our Own. L'année suivante, c'est à San Francisco qu'il crée Dummies, Hex signs, Watercolours. Dans les années 90, Tony Oursler poursuit et développe son travail sur les bandes et les installations. Les marionnettes quittent l'espace du moniteur pour envahir l'espace du spectateur. Il élabore ses fameuses "poupées", pantins de chiffons à l'aspect anthropomorphique animés par une vidéoprojection. Depuis ses débuts, Tony Oursler se signale par ses représentations d'un corps agressif où les instants privilégiés sont le cri, la lamentati, la convulsion, la répétition et l'hystérie. Le son et les textes occupent une place de première importance dans son travail quant à l'impact qu'ils suscitent sur le spectateur. L'agressivité manifestée dans ses oeuvres s'accentue avec les mannequins animés. Tony Oursler fait sortir le médium vidéo de son état hypnotique en le retirant de l'espace plat du moniteur pour le réinstaller à l'intérieur du monde. Il déclare : "Les poupées sont une solution pour assurer cette transition vers ce monde [...], elles prennent la place du moniteur et le déplacent [...]. La vidéo n'agit plus comme une fenêtre à travers laquelle on regarde, elle est devenue quelque chose de physique." [1] Ces incarnations anthropomorphes, on les entend crier (Weeping Woman, 1993) ou soliloquer (Phobic et White Trash, 1993), voire s'interpeller (Anne et Daisy, 1995). A La Haye, en 1992, il présente une oeuvre intitulée F/X Plotter, 2 Way Hex au Kijkhuis, puis, avec James Casabere, une performance, Station Project, au Kortrijk Railway Station. En 1993, White Trash / Phobic circule de Genève à Berlin en passant par New York. Puis il expose Dummies, Dolls, and Poison Candy à la Ikon Gallery de Birmingham. Il poursuit la série à la galerie Metro Pictures de New York avec Dummies, Flowers, Alters, Clouds, and Organs. En 1995, en collaboration avec Constance Dejong et le musicien Stephen Vitiello, Tony Oursler conçoit Fantastic Prayers, un CD ROM pour le Dia Center for the Arts de New York. La même année, une grande exposition itinérante lui est consacrée : Tony Oursler, Dummies, Clouds, Organs, Flowers, Watercolors, Videotapes, Alters, Performances and Dolls, qui voyagera de Francfort à Strasbourg et de Genève à Eindhoven. A Oslo, il monte Hysterical. Le Van Abbemuseum de Eindhoven lui consacre également une exposition en 1996. A cette date, il réunit, avec Mike Kelley, ses travaux audio en un coffret de trois CD, intitulé The Poetics : Remixes of Recordings from 1977 to 1983, des oeuvres issues d'une collaboration avec le groupe "The Poetics" dans les années 70, durant leurs études au Cal Arts. Ce groupe expérimentait la performance par des spectacles de danse, des comédies et des travaux sur le son et la musique. Toujours en 1996, Tony Oursler conçoit pour les collections du Centre Georges Pompidou Switch, une installation, réalisée en fonction du site, qui exploite différents registres de la conversation, du cours philosophique à la culture pop, du discours sur le développement personnel à la discussion sur la vérité. En 1997, à la documenta 10 de Cassel, il présente avec Mike Kelley l'installation The Poetics Projects, 1977-1997. Dans le courant de l'année, il montre à Philadelphie Judy, une installation sur les troubles de la personnalité et sa relation aux médias, puis Tony Oursler : Colours, Heads and Organs à Los Angeles et Tony Oursler, Guilty à Chicago. L'année 1997 se termine par l'exposition Tony Oursler au capc de Bordeaux.




Dominique Garrigues




[1] Elisabeth Janus, "Entretien avec Tony Oursler", Oursler / Kessler, Salzbourg, Salzburger Kunstverein, 1994 (cité par Paul Ardenne dans Art Press, Paris, numéro 229, p. 23).