Nationalité française
Né en 1964 à Oran (Algérie)
Vit et travaille à Paris (France)
Biographie
Bibliographie
Liste expositions

Biographie

De 1985 à 1990, Philippe Parreno suit les cours de l'école des Beaux-Arts de Grenoble, aux côtés de jeunes artistes (B. Joisten, P. Perrin, P. Joseph, D. Gonzalez-Foerster) qui deviendront très présents sur la scène artistique.


Philippe Parreno travaille sur l'image, les formes, les modèles et les systèmes de différents domaines (artistique, politique, télévisuel) et sur les pensées et comportements du public, qu'il soit téléspectateur, amateur d'art ou qu'il vive dans un contexte particulier induisant des processus d'idéation spécifiques. Il choisit des éléments dans ces réalités et les utilise comme codes de langage dans les nombreux dispositifs qu'il crée (installations, expositions, vidéos, films, émissions de télévision ou démarchages chez les particuliers). Les transformations opérées dans les modèles visent une mobilisation du public et une réception critique.


En 1990, Philippe Parreno est invité, avec Philippe Perrin et Pierre Joseph, à la galerie Air de Paris à Nice. Ils montent les "Ateliers du Paradise" et réalisent un film en temps réel sur leurs activités, à la manière de Andy Warhol.


Travaillant sur des projets personnels ou collectifs, Philippe Parreno prend en compte et cherche à développer par son travail des liens sociaux et de contextualisation. Il conçoit l'exposition collective comme un contexte à travers lequel chaque oeuvre va être lue, et l'exposition particulière comme un dispositif relationnel. Ainsi, Snow Dancing (1995), réalisée au Consortium de Dijon, était organisée autour d'un texte décrivant une fête promotionnelle, protocole à partir duquel les visiteurs ont tissé des liens pendant deux heures. Il étend ce qu'il appelle les "conditions de visibilité" de l'art hors des lieux de leur destination, comme dans Time Factor / Post Modern Time (1994), où il emprunte la technique de vente du porte à porte pour distribuer des images publicitaires chez les particuliers et provoquer d'éventuelles discussions sur leur statut.


Il travaille de façon privilégiée avec Pierre Vailhan, Bernard Joisten, Pierre Joseph (Snaking, 1992), Gonzalez-Foerster [1], Pierre Huyghe et avec Nicolas Bourriaud, interlocuteur privilégié de son travail et co-scénariste de La Nuit des héros (1994).


Philippe Parreno questionne la forme et l'impact des phénomènes médiatiques, que ce soient des personnalités importantes (les hommes politiques, les chanteurs populaires, etc.) ou des fictions (Dragon Ball) et leurs personnages, et y confronte le public. Il cite de grands auteurs tels que Pier Paolo Pasolini ou Michel Foucault.


En spectateur marqué par la télévision et par Yves Lecoq, il introduit le procédé de l'imitation vocale dans ses dispositifs d'exposition, ses films et vidéos, et invite l'imitateur à participer à ses réalisations (La Nuit des héros, 1994, L'Homme public, l'ordre du discours (la tribune), 1994, Surface de réparation 2, l'homme public, 1995).


Il imite lui-même Jean-Luc Godard. Cette voix enregistrée a fait partie d'une exposition à la galerie Esther Schipper, comme index de l'esprit critique du cinéaste et a produit une double action sur le visiteur : le commentaire diffusé modifiait la perception et la lecture des oeuvres présentées et la manière de penser de la personnalité confrontait le spectateur et le renvoyait à sa propre démarche. Dans ces interrogations du sens et de la forme les enfants prennent parfois le rôle des adultes, ce qui renouvelle le point de vue sur la réalité interrogée. Dans No More Reality II (la manifestation), ils jouent la scène d'une manifestation politique, criant et brandissant des banderoles.


Travaillant sur les modèles de l'intérieur, Philippe Parreno cherche à transformer la télévision en faisant intervenir une très jeune présentatrice dans la plage horaire du journal télévisé (Eva, studio de télévision AVS, Gand), ou en créant des interactions. Surface de réparation 2 est une émission dont la mise en scène a changé les règles de construction du message télévisuel par l'utilisation d'un micro et de hauts-parleurs débranchés, et par la projection des lumières sur les murs plutôt que sur le plateau. En conséquence, le public ne parvenant pas à entendre le présentateur (Yves Lecoq) s'est rassemblé autour de lui, brisant à la fois son rôle passif et la séparation habituelle du regardeur et du regardé.


Les domaines marginaux explorés seul ou avec d'autres artistes soulignent cet intérêt pour les productions d'images mentales. Dans l'exposition Principe de réalité, Philippe Parreno a fait intervenir des voyantes dont une au moins a eu des visions pendant cette visite.


Parmi les très nombreuses réalisations de l'artiste, comptent de nombreux écrits publiés le plus souvent dans la revue Documents, dirigée par Nicolas Bourriaud, et un magazine conçu avec Pierre Huyghe et qui détaille l'autobiographie à rebours d'un personnage fictif : Anna Sanders [2].




Thérèse Beyler




[1] Projets communs à Bernard Joisten, Philippe Parreno, Pierre Joseph et Dominique Gonzalez-Foerster : Siberia, Hyper-Hyper, Composit, Ozone.
[2] Anna Sanders, L'histoire d'un sentiment, First Character, First Issue, Assenheim, juillet 1997.