![]() | Nationalité française Né en 1966 à Jérusalem (Israël) Vit et travaille à Paris (France) | Biographie Bibliographie Liste expositions | Michael Blum et Ursula Biemann, documentation captée en public à l'occasion de la conférence Vidéo et après, 8 novembre 2004, Centre Pompidou, Paris, séance présentée par les artistes. |
Après des études d'histoire à l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne d'où il sort diplômé en 1988, Michael Blum intègre l'Ecole Nationale supérieure de la Photographie à Arles et obtient son diplôme en 1992. Il passe ensuite deux années à la Rijksakademie à Amsterdam.
Influencé par les travaux de l'OuLiPo, il s'intéresse dans un premier temps au langage. Sa première vidéo réalisée en 1992, Choses à récupérer chez Milena (à l'exception des meubles, de l'aspirateur et des rideaux, qui seront repris lors d'un déménagement ultérieur) est une exploration méthodique des objets du quotidien classifiés sous forme de listes. Le Réseau (1992/1997) est une série d'interventions dans l'espace public de différentes villes d'Europe où l'artiste utilise le langage comme un réseau de signes. Pour chaque action, il choisit un lieu urbain et y dessine au sol des acronymes au pochoir.
Depuis, il développe un travail utilisant divers supports où il propose une relecture critique et sarcastique de la culture, de l'histoire et de l'économie mondiale. A travers des projets à la naïveté apparente, il traite des notions de déplacement et de mondialisation comme dans My Sneakers (2001) où Michael Blum se rend en Indonésie pour retrouver le lieu de fabrication de sa paire de Nike achetée en solde à Paris et fait surgir d'une enquête personnelle une réflexion géopolitique. Dans un même rapport de confrontation de l'individuel à l'international, il réalise 17 Aandbloem street (2003) à Cape Town. Sous forme de documentaire, il filme les histoires de voisinages d'une résidence d'Afrique du Sud. Il donne à des problèmes très locaux, une dimension à la fois sociologique et politique dans un pays marqué par l'Apartheid. Avec Lippmann, Rosenthal & Co, une installation présentée en 2006 à Amsterdam, il partage avec le public son regard attentif aux multiples lectures de l'histoire. Il reconstitue ainsi les locaux d'une banque juive néerlandaise dans son immeuble d'origine, aujourd'hui le Centre d'art contemporain De Appel, en réunissant les archives de l'entreprise et en faisant intervenir un médium sur les lieux.
Michael Blum analyse avec ironie le capitalisme mondial et ses caractéristiques économiques. Il utilise le décalage et le détournement, non pour soulever une polémique, mais pour révéler l'absurdité qu'engendrent certains mécanismes de l'économie moderne. Dans Wandering Marxwards (1999) l'artiste mène une interrogation politique et poétique sur l'impact des théories de Marx dans l'histoire du capitalisme de l'Amérique du nord moderne. Michael Blum développe ainsi une pratique artistique engagée tout en utilisant différents médias et techniques. Parmi ses œuvres on compte aussi des photographies et photo-montages comme Upside Town (White Skin, Black Mask) (2004) un hommage à Franz Fanon, et des vidéos comme Old boys and toys (2005) sur des retraités collectionneurs de jouets. Certaines de ses œuvres utilisent également le média Internet comme Actions Virtuelles (1996) et la presse avec La Dernière Brève (2004) où il publie à plusieurs reprises une série de faits divers dans un journal local, le "Républicain Lorrain" dans le cadre d'une résidence en Moselle. Il réalise aussi des publications comme Homo Œconomicus (2000) reprenant les analyses de Marx et potlach.doc (2001 et 2002) spécialement conçu pour les salles d'attente. Ce livret se compose d'une collection d'images historiques et contemporaines issues de publicités, photos de presse, captures d'écran, illustrations, images d'archives et livres d'enfants. Par ailleurs, il se conçoit également comme un échange non marchand de l'artiste à ses lecteurs puisqu'il a été distribué gratuitement dans des établissements publics, des aéroports, des gares, des banques, des compagnies d'assurance dans plusieurs villes du monde.
Michael Blum intervient également dans l'espace urbain avec des œuvres comme Laborinto (2002) pour laquelle il installe un labyrinthe à taille humaine avec des grilles de chantier sur la piazza Vittorio de Turin. Toujours en 2002, l'artiste réalise 400 jaar zonder graf, dan heb je lang gezwegen, la pierre tombale de Cornelius de Houtman, un navigateur hollandais qui découvrit l'Indonésie et dont le souvenir a disparu de la mémoire collective du pays. Grâce à un dispositif sonore dissimulé dans la stèle, le navigateur s'adresse aux visiteurs déplorant son oubli et abordant différents thèmes comme la mondialisation ou l'euro.
Cette réappropriation des images et des signes du capitalisme mais aussi plus généralement de l'Histoire, font de Michael Blum un artiste engagé, qui par le biais de sa pratique artistique, amène le spectateur à réfléchir sur les notions de passé et de futur aussi bien d'un point de vue économique que culturel.
Priscilia Marques