Nationalité française
Née en 1969 à Paris (France)
Vit et travaille à Paris (France)
Biographie
Bibliographie
Liste expositions

Biographie

Valérie Mréjen est née en 1969 à Paris. D'abord inscrite en lettres à la Sorbonne afin d'obtenir un diplôme lui permettant de passer le concours de la Fémis, elle décide rapidement de se tourner vers les études artistiques. Auditeur libre aux Beaux-Arts de Paris, elle est reçue à l'école des Beaux-Arts de Cergy-Pontoise, dont elle obtient le diplôme en 1994. A la fin de ses études, elle expose et publie des séries de textes, réalisés à partir du cut-up, technique littéraire aléatoire mise en place par Gysin et Burroughs, qu'elle adapte à la lecture de l'annuaire. Liste rose, imprimée et distribuée à compte d'auteur, compile des petites annonces où tous les mots sont remplacés par des noms propres trouvés dans l'annuaire. Son intérêt pour le langage prend une nouvelle tournure avec sa première vidéo Bouvet, en 1997. Un personnage face à la caméra interpelle un interlocuteur absent avec toute une série de courtes questions, sur un ton un peu familier voire désagréable. Le texte devient une voix, argument principal dans ce portrait en plan fixe. S'ensuit toute une série de vidéos jusqu'en 2004, sur le même fonctionnement. L'artiste écrit des monologues ou dialogues à partir de situations vues, entendues, rapportées ou vécues, qui sont dits face à la caméra.


Mon Grand-père, son premier roman, est édité en 1999. Son style oral, proche de la langue des vidéos, narre des petits événements quotidiens, avec des détails cruels ou burlesques. A l'intérieur de ce ton banal se glissent les non-dits et blessures de sa famille à propos de ce grand-père incestueux. Ce récit est prolongé d'une série de photographies L'appartement de mon grand-père, en 2000. Toute une série de bibelots, objets kitsch, magazines pornos sur fond de toile cirée des années 70, forment le portrait en creux de ce grand-père, alors absent des lieux. On retrouve ce souci du détail, à première vue anecdotique, qui raconte bien plus qu'une analyse.


A partir d'une trilogie tournée en 2000 avec sa tante, ce ne sont plus des acteurs ou des inconnus qui jouent dans ses films mais au contraire des gens proches, permettant cette frontière plus perméable avec l'intime. Ce sont les souvenirs des protagonistes qui sont réécrits par l'artiste, au fur et à mesure de la prise de vue, sous le titre Portraits filmés.


En résidence à l'école du Fresnoy, Valérie Mréjen tourne son premier court-métrage en 16mm, Chamonix, du nom du gâteau éponyme. Neuf personnages racontent un souvenir face à la caméra. Si le dispositif peut sembler équivalent, le passage au cinéma apporte une distance plus grande avec le personnage, et une lumière et un décor plus travaillés, moins ancrés dans le quotidien.


En résidence à l'Académie de France à Rome en 2003, elle reprend l'écriture avec un nouveau roman Eau Sauvage.


Une nouvelle étape décisive dans son travail est le passage au documentaire. A la suite d'une courte vidéo, Dieu en 2004, elle réalise le documentaire Pork and Milk, en 2006. Intriguée par les "apostats", ceux qui se détournent de la religion et donc aussi de leur environnement et de leur histoire au sein des communautés ultra-orthodoxes, elle rencontre certains apostats de culture juive et leur propose de raconter leur expérience devant la caméra. Pour la réalisation, une double difficulté est à surmonter, le problème de traduction de l'hébreu et les us et coutumes de l'orthodoxie juive. Au final, les distances linguistiques et culturelles donnent au documentaire Pork and Milk un rythme lent et un ton intime et délicat. Même s'il s'agit d'une autre culture et d'une situation extrême, on retrouve les thèmes de prédilection de Valérie Mréjen, soit la mise en place d'un langage pour aborder les relations familiales et sociales dans le quotidien.




Patricia Maincent