Nationalité algérienne et française
Née en 1980 à Lens (France)
Vit et travaille à Choisy-le-Roi (France)
Biographie
Bibliographie
Liste expositions

Biographie

Née en 1980 à Lens, Halida Boughriet est une artiste d’origine algérienne qui vit et travaille à Choisy-le-roi. Diplômée de l’école des Beaux-arts de Dunkerque (2000) et de Paris (2004), elle part ensuite étudier un an en section cinéma à la SVA (School of Visual Arts) de New York. Elle enseigne parallèlement l’histoire de l’art et la communication graphique en lycée professionnel.
Sa pratique artistique passe par la sculpture, la photographie, la vidéo, et l’installation. Elle est directement en prise avec l’état du monde, portant une attention particulière aux conflits qui le traversent et à leurs incidences, que ce soit à l’échelle de la société ou de l’individu. Sa démarche se développe dans un mouvement de rencontre avec l’autre, au carrefour de l’image documentaire et de la performance. Elle travaille sur les rapports qu’entretiennent les corps avec les espaces de vie. Au moyen de la photographie, sa recherche sur les corps peut prendre la forme de portraits (Orphelinat Sarajevo, 2007) ou de séries telles que Dream City (2008) qui s’intéresse aux espaces de jeux aménagés pour les enfants dans différentes villes du monde. Quant à ses vidéos, elles expérimentent souvent des dispositifs d’intervention qui viennent perturber une vie urbaine codifiée.
Elle affirme ainsi l’urgence de construire une mémoire – celle des personnes, celle des évènements – face aux idées reçues ou aux stéréotypes que produisent aussi bien l’Histoire officielle que l’information médiatique.
La série de photographies Une mémoire dans l’oubli (2009-2010) est composée de portraits de veuves de la guerre d’Algérie. Elles posent étendues sur un lit, dans un contre-jour enveloppant qui les magnifie tout dépassant les codes de la peinture orientaliste. Leurs visages et leurs corps sont autant de traces vivantes – et donc, vouées à disparaître – de la guerre d’Algérie.
Avec le film Les Illuminés (2004), dans lequel elle revêt d’une burqa en fixant sa caméra juste derrière le grillage du visage et filme sa traversée des couloirs du métro sous le regard halluciné des passants, elle affirme plus que jamais la nécessité d’un « troisième regard » qui ne juge pas mais pointe et interroge activement les ambiguïtés, ici spécifiques à la vision du corps, que présente chaque culture.
Le corps peut donc être capteur mais aussi détonateur par le biais de gestes poétiques qui viennent perturber la logique d’un espace public urbain reposant sur l’indifférence et la distance gardée entre les individus qui s’y côtoient quotidiennement.
Dans le film Murmures (2009), Halida Boughriet donne la parole aux passants tout en conservant l’anonymat : A New York, elle demande à des inconnus de venir dire en direction du mur, et face à la caméra, en quelques phrases, les choses qui sont les plus importantes pour eux. Un tel dispositif s’oppose de manière radicale aux sollicitations de type micro-trottoir – interview face caméra, questions convenues –, tant par la méthode plutôt performative que par son objectif. Mais cette incitation évoque également un ‘mur des Lamentations moderne’, et réintroduit dans les rues une forme de sacré.
Dans Action (2003), l’artiste filmée à mi-corps dans une rue vient toucher de la main les passants, en un contact inattendu qui rencontre chez ces derniers des réactions diverses, allant de la réciprocité chaleureuse à la fuite. Elle provoque par le toucher une forme de contact et donc de lien, si fugitif soit-il, au sein de l’espace public.
Cette question du toucher, sens normalement exclu dans la réception d’une image, se retrouve avec le film Autoportrait (2005). On y voit des images de guerre se refléter directement dans un œil qui devient à la fois récepteur et écran sensible, mise en abîme d’un regard artistique toujours attentif aux traces que laissent les conflits dans les espaces comme sur les êtres humains.


Loue Delbarre