Nationalité française Né en 1936 à Golfe-Juan (France) Vit et travaille à Issigeac (France) | Biographie Bibliographie Liste expositions |
Fils d'artisans céramistes, Martial Raysse est né en 1936 à Golfe Juan en France. Célèbre artiste au parcours très varié, issu de l'école de Nice, il sera successivement proche du Nouveau Réalisme, du Pop Art ou de l'Arte Povera, avant de revenir à un travail beaucoup plus classique.
D'abord intéressé par la littérature, il fait des études de lettres à l'université de Nice. Puis il se lance dans la peinture et la sculpture, et expose pour la première fois en 1957, à 21 ans, à
En 1962, Martial Raysse participe, au Stedelijk Museum d'Amsterdam, à l'exposition „DyLaby“ (pour "labyrinthe dynamique") qui rassemble différents environnements réalisés notamment par Niki de Saint Phalle, Daniel Spoerri, Jean Tinguely et Robert Rauschenberg. Il y présente une plage "pop-art" artificielle avec des parasols, des bouées en plastique et des panneaux représentant des pin-ups en maillots de bain aux couleurs très vives. Ce mélange de matières, d'objets de plastique et de peinture, de reproductions photographiques retravaillées à la couleur sont caractéristiques de ses premières créations comme de ses "tableaux-objets". Ses "baigneuses", inspirées de la silhouette de Brigitte Bardot, annoncent les détournements de tableaux célèbres : La grande odalisque d'Ingres est, par exemple, revisitée et colorisée dans Made in Japan - La grande odalisque en 1964.
Martial Raysse s’approprie l'imagerie du supermarché, de la publicité et des magazines et l’introduit dans le monde de l'art. A la fois critique et monument à la gloire de la société consumériste des années 1960, son travail propose une "hygiène de la vision", tableau lisse et aseptisé du monde moderne. Durant les années soixante, il connaît une grande notoriété aux Etats-Unis où le Pop-Art explose, et prend part à des expositions à New York dès 1961. En 1966, il gagne le prix réservé aux jeunes créateurs à la biennale de Venise.
Outre l'utilisation d'objets manufacturés dans ses œuvres, Martial Raysse a recours à toutes sortes de matériaux et de supports : photographie, sérigraphie, photocopie, cinéma et vidéo. Dans son installation intitulée I maintenant vous êtes un Martial Raysse, l’artiste a conçu un circuit vidéo fermé qui permet d’inclure dans l’œuvre l’image du visiteur. Il explore également le travail du film et y applique des procédés proches de ceux de son œuvre plastique : contrastes prononcés, inversions chromatiques et colorisations en aplats.
Il découvre par ailleurs le néon, qui devient, avec le plastique, un élément constitutif de son travail dans les années soixante (America, America en 1964, Peinture Lumière en 1965) : « C'est la couleur vivante, une couleur par delà la couleur ». Avec le néon, il entreprend de réviser quelques classiques de l’histoire de l’art, notamment des œuvres d’Ingres et Lucas Cranach.
Puis il s'éloigne progressivement de l'utilisation du plastique, et simplifie son mode de représentation en créant notamment des "Formes en liberté". Celles-ci figurent des visages de femmes réduits aux contours et à des formes épurées, découpés dans du carton, du tissu ou bien projetées sur un mur.
Lorsque les Nouveaux Réalistes se dissolvent en 1970, le travail de Martial Raysse prend un tour nouveau. Il se dirige en effet vers une peinture et une sculpture plus traditionnelles, inspirées par des thèmes classiques et naturalistes. Vers la fin des années 1980 et au cours des années 1990, il s’inspire de sujets historiques et mythologiques. En 1989, il conçoit à Nîmes la place d'Assas ainsi que deux fontaines sculptées, mettant en scène un bestiaire symbolique et des personnages allégoriques. Il crée également un timbre pour la poste française (Visage d'enfant, 1992) et réalise des mosaïques, notamment les métopes du Conseil Economique et Social français (
Martial Raysse vit et travaille à Issigeac en Dordogne. Deux grandes rétrospectives lui ont été consacrées à Paris au Centre Georges Pompidou en 1981 et à Antibes au Musée Picasso en 1982.
Emilie Benoit
[1] Pierre Restany, Arts, 4 octobre 1961.