Nationalité américaine
Né en 1951 à Santa Monica (États-Unis)
Vit et travaille à Seattle (États-Unis)
Biographie
Bibliographie
Liste expositions

Gary Hill, « Around And About », documentation captée en public à l’occasion de la conférence Vidéo et après, 11 octobre 2004, Centre Pompidou, Paris, en présence de Gary Hill et de Jacinto Lageira.

Biographie



A quinze ans, après avoir partagé son temps entre le surf et le skateboard, Gary Hill s'intéresse à la sculpture. Fasciné par le processus de transformation de l'acier, il se consacre à la soudure sur des structures métalliques. Ses références, principalement Picasso et Giacometti, sont alors largement inspirées de l'art européen. Il termine sa formation générale au lycée en 1969 et se rend sur la côte Est pour étudier à la Art Students' League de Woodstock. Après un mois d'enseignement à Woodstock, il décide de travailler de manière indépendante et partage l'atelier d'un de ses professeurs, le peintre Bruce Dorfman.
Gary Hill explore alors la dimension sonore de ses sculptures métalliques, enregistrant et modifiant les vibrations qu'elles génèrent. Ses travaux sur le son le familiarisent d'emblée avec le matériel électronique, puis le mènent de façon décisive à la pratique de la vidéo. En 1973, empruntant un équipement Portapack au Woodstock Community Video, où il est artiste en résidence, il filme sa première oeuvre vidéo, une sorte de documentaire où il enregistre les réactions des habitants de Woodstock suite à la performance qu'il vient de réaliser avec Jim Collins dans les rues de la ville. L'exploration des propriétés technologiques de la vidéo et l'utilisation des outils électroniques le conduisent à se détacher de la culture de l'objet d'art, la vidéo lui procure une accessibilité plus immédiate et plus directe à sa pensée artistique.
Dans le même temps, la proximité géographique de New York et ses musées, notamment le Metropolitan Museum of Art, lui permet de découvrir l'avant-garde artistique américaine. "[...] I began to see art in New York, and the thing that really overwhelmed me was a show at the Met called 1940-1970 [...]. I was knocked out, and went through a lot of different attitudes in my own work."1
De 1974 à 1977, il est artiste en résidence puis coordinateur du laboratoire vidéo du Woodstock Community Video et de l'Experimental Television Center de Binghamton, New York, où il a accès à du matériel de plus en plus sophistiqué. Cette période correspond aussi à la création, avec Walter Wright et Sara Cook, de Synergisme, une association qui produit des performances multimédia faisant intervenir danse, vidéo et musique.
En 1976, Gary Hill s'équipe avec son propre matériel et commence une collaboration avec David Jones, créateur d'appareils électroniques qui lui permettent d'élargir son champ d'exploration de la bande analogique et de découvrir l'image digitale. "David had designed an analog-to-digital converter, which led to others things, culminating in a small frame buffer [...]"2 Son processus de création doit alors beaucoup à des improvisations visuelles répétées jusqu'à obtention de l'effet voulu. Entre 1977 et 1979, il fonde et dirige l'Open Studio Video Project à Barrytown et entre en résidence d'artiste à Synapse, groupe de production et de diffusion lié à l'université de Syracuse.
L'année 1979 marque le tournant d'une oeuvre plutôt orientée vers des recherches expérimentales. Après sa rencontre avec les poètes George Quasha et Charles Stein, Gary Hill débute un travail d'expérimentation avec le langage, qui fait évoluer le vocabulaire qu'il a créé auparavant. Il s'intéresse au langage non seulement comme un vecteur de sens, mais aussi comme producteur de son, phénomène physique dont il peut explorer les propriétés.
Entre 1980 et 1984, il acquiert le statut de professeur intervenant et exerce dans plusieurs écoles d'art comme la State University de New York (SUNY) à Buffalo ou le Bard College à Annandale-on-Hudson (Etat de New York) ; il multiplie les participations à différents jurys de bourses, festivals et conseils d'administration.
Il obtient en 1984 une bourse universitaire pour le Japon puis une résidence chez Sony Corporation, qui aboutissent en 1985 à la production de la bande URA ARU (The Backside Exists), sorte de palindrome visuel et acoustique de 28 minutes. Il réalise un premier travail narratif avec des acteurs dans la bande Why do Things Get in the Muddle (Come on Petunia), inspirée et par des textes littéraires (Alice au pays des merveilles et Au-delà du miroir, de Lewis Caroll) et par un ouvrage de théorie critique (Steps to an Ecology of Mind, de Gregory Bateson 3).
L'année 1985 marque le retour de Gary Hill sur la côte Ouest des Etats-Unis, à Seattle, où il établit le programme d'enseignement de la section vidéo du Cornish College of Art. Il continue ses travaux artistiques en dehors des frontières, réalisant en 1988 une installation intitulée DISTURBANCE (among the jars) pour le Centre Georges Pompidou à Paris.
Sa production de bandes vidéo s'espace peu à peu, jusqu'à la dernière, Solstice d'hiver (1990), pour laisser progressivement place à des installations, résultant d'une interaction plus complexe entre l'image vidéo, son support de diffusion et sa mise en espace. En plus de la question du "Qu'est-ce que je montre ?" se pose celle du "Comment je le montre ?", dont la réponse passe par la négation du téléviseur en tant qu'objet du quotidien. L'installation détourne le spectateur de la linéarité de la bande vidéo : "In the tape, you're on the outside watching. In the installation, you're inside [...]. You're constantly looking over your shoulder, walking up and down in a thoroughfare of images."4
Gary Hill refuse de se définir comme vidéaste et préfère se considérer comme un artiste qui prend en compte les spécificités de son médium de prédilection, la bande vidéo, pour mieux les exploiter dans ses installations, en créant un nouvel espace d'interprétation de l'image pour le spectateur.
La renommée internationale de Gary Hill se confirme dans les années 90 avec une succession d'expositions collectives (dont Passages de l'image en 1990 au Centre Georges Pompidou à Paris) et personnelles (en 1992 dans les Galeries contemporaines du Centre Georges Pompidou), de participations à des manifestations internationales (en 1992 à la documenta 9 de Cassel) et à des Biennales d'art (comme celle du Whitney Museum of American Art à laquelle il participe depuis 1981, ou celle de Lyon en 1995 et 1997).
En 1997, reprenant ses recherches initiées avec l'association Synergisme, il crée avec la danseuse et chorégraphe Meg Stuart la pièce Splayed Mind Out, une performance qui combine danse, vidéo, musique et littérature, dans laquelle il devient un acteur à part entière.
Tout au long de son parcours artistique, Gary Hill fait évoluer sa définition du créateur d'images : passant tour à tour du rôle de technicien féru de découvertes technologiques dans les années 70 à celui de linguiste du médium électronique au tournant des années 80, il devient metteur en scène d'images dans des installations, puis s'implique en tant qu'acteur, avec Splayed Mind Out, dans un espace de théâtre complètement assumé, la scène, où convergent plusieurs pratiques artistiques.


Laetitia Rouiller


1"[...] J'ai commencé à voir de l'art à New York et la chose qui m'a vraiment bouleversé était une exposition au Met intitulée 1940 - 1970 [...]. Ca m'a secoué et je suis passé par beaucoup d'attitudes différentes dans mon propre travail." (Gary Hill dans un entretien avec Lucinda Furlong, Afterimage, Rochester, mars 1983)
2"David avait conçu un convertisseur analogue-numérique qui a mené à d'autres choses, avant d'aboutir à un petit tampon à images [...]" (ibid.)
3 (Gregory Bateson [ethnologue, anthropologue et biologiste américain], Steps to an Ecology of Mind, New York, 1972.)
4
"Avec la bande, on regarde de l'extérieur. Dans l'installation, on est à l'intérieur [...]. On regarde constamment par-dessus son épaule, on se promène dans une rue faite d'images." (Gary Hill dans un entretien avec Lucinda Furlong, op. cit.)