Nationalité française
Née en 1965 à Strasbourg (France)
Vit et travaille à Paris (France) et à Rio de Janeiro (Brésil)
Biographie
Bibliographie
Liste expositions

Biographie

Dominique Gonzalez-Foerster est née en 1965 à Strasbourg, elle vit et travaille aujourd'hui à Paris. Après une formation à l'Ecole des Beaux-Arts de Grenoble de 1982 à 1987, elle suit ensuite le cursus de l'Ecole du magasin dans la même ville et pendant les 2 années suivantes les cours de l'Institut des Hautes Etudes en Arts Plastiques fondé par Pontus Hulten à Paris. Elle expose ses premiers travaux dès la fin des années 1980. A l'appellation d'œuvre ou d'installation, elle préfère substituer les termes environnement ou intervention. Elle conçoit dès le début des années 1990 la série des Chambres en ville, aménagements construits sur le principe d'un décor de théâtre sans acteur. Elle s'inspire de l'univers fictionnel d'autres artistes ou écrivains pour créer des images dans lesquelles le spectateur puisse pénétrer, avec par exemple A rebours (1993 ), œuvre appartenant à la collection du Centre Georges Pompidou inspirée de l'univers solitaire de Joris-Karl Huysmans. Ces expériences de mise en scène statique font naître chez Dominique Gonzalez-Foerster l'envie de faire ressentir les mêmes émotions à travers des images en mouvement. En 1996, elle collabore avec Ange Leccia pour réaliser le film Ile de Beauté, tourné avec des techniques de cinéma professionnel (caméra 35 mm), qui débute pendant la traversée entre la France métropolitaine et la Corse pour dériver peu à peu vers le Japon. Apparaît alors un thème récurrent chez l'artiste, celui du voyage immobile. Elle part du postulat que la surface de la Terre ayant été cartographiée dans son intégralité, plus aucune découverte n'est possible, le voyageur se retranche dans un voyage à la fois immobile et fictionnel. Elle réalise dans les années suivantes des vidéos telles que Riyo en 1999, une interrogation sur la nature de la ville, ou Anzen Zone en 2000, pour laquelle elle reprend le personnage d'Ann Lee, achetée en 1999 par Pierre Huyghe et Philippe Parreno. Elle aborde ce personnage préfabriqué de la culture manga sous l'angle de la nostalgie et des possibilités d'émancipation des personnages de fiction. En 2001 Dominique Gonzalez-Foerster débute une nouvelle facette de son travail avec l'installation Cosmodrome, créée de concert avec Jay-Jay Johansson, musicien suédois. Ce sera en effet la première de ses collaborations avec des musiciens, comme Christophe en 2002 ou Alain Bashung en 2003, pour lesquels elle créé non seulement les scénographies et les habillages vidéo de leurs concerts mais aussi les DVD retraçant leurs tournées respectives. La musique fait partie intégrante de son travail d'artiste et elle sollicite régulièrement des musiciens pour accompagner son univers plastique. Ainsi, reçoit-elle la seconde édition du Prix Duchamp en 2002, pour son environnement Exotourisme, mêlant de la musique électronique douce créée par Christophe Van Huffel à des images de synthèse aux couleurs acidulées et aux formes difficilement identifiables. Le thème du voyage immobile s'étoffe sous l'influence du tropicalisme : Exotourisme fait référence à des contrées lointaines à l'existence incertaine et des vaisseaux spatiaux aux formes kitsch. Ce goût pour le tropicalisme se retrouve aussi dans les livres publiés par Gonzalez-Foerster, et notamment en 2004 Alphavilles?, un recueil de photographies de zones urbaines à travers le monde, classées alphabétiquement et dont il est difficile de discerner les caractéristiques propres, chacune pouvant se trouver sous n'importe quelle latitude. En 2008, l'installation Shortstories réactive la vision de l'artiste d'un exotisme interchangeable, où que nous soyons. Tous les jalons visuels se ressemblent. Dominique Gonzalez-Foerster initie aussi des collaborations dans des domaines adjacents aux arts plastiques : en 2004, elle conçoit une maison, la Moment Dream House pour Daisuke Miyatsu à Tokyo ou encore en 2008, la scénographie d'une boutique Balenciaga à Paris, à la demande de son directeur artistique Nicolas Ghesquière. Elle y reprend son vocabulaire plastique : ambiance lumineuse douce et motifs graphiques formant un paysage imaginaire. En 2007, son exposition personnelle au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris permet à l'artiste d'explorer ses principes de création : Gonzalez-Foerster valorise la collaboration, la transversalité des domaines artistiques (le cinéma, la musique, la mode et la littérature) et le privilège accordé à l'aspect sensoriel. Intitulée Expodrome, l'artiste définit elle-même, dans le communiqué de presse, cette exposition comme un trompe-sens, à l'instar du trompe-l'œil classique dans la peinture. Parmi les 8 environnements, sont présentés Cosmodrome, œuvre de 2001 avec Jay-Jay Johansson, Solarium et La jetée en collaboration avec Nicolas Ghesquière, des environnements sonores comme Promenade avec Christophe Van Huffel et La Fée électricité avec Alain Bashung, un environnement lumineux Panorama avec Benoit Lalloz et Martial Galfione et enfin une vidéothèque de films choisis par ses soins et une bibliothèque sélective de livres lui étant chers. Dominique Gonzalez-Foerster utilise la littérature comme un réservoir d'idées, dans lequel elle pioche puis s'échappe pour donner à la fiction une forme uniquement visuelle. En 2008, son exposition personnelle T.H.2058 lui permet de mettre en action son univers citationnel. Elle occupe l'entrée de taille monumentale de la Tate Modern de Londres, en installant un rideau de lamelles colorées, le squelette d'un animal préhistorique, des sculptures géantes en référence à des œuvres connues de Calder, Bruce Nauman, Louise Bourgeois et 200 lits superposés tantôt jaune, tantôt bleu sur lesquels sont posés des ouvrages de science-fiction, le tout accompagné d'une bande-son de bruits de gouttes d'eau et d'une sélection de films. Cette mise en scène d'éléments hétéroclites s'inspire d'un fait divers imaginé par l'artiste française, l'invasion de Londres dans 50 ans par des forces inconnues et pendant laquelle son environnement tient lieu de refuge pour les Londoniens. Gonzalez-Foester montre une fois de plus son intérêt pour la mise en scène d'un lieu, plutôt que son attachement à la production d'objets.


Laetitia Rouiller