Calendrier 2000, 2000
www.centrepompidou.fr/sitesweb/closky, avec support CD-Rom PC/Mac
Acquis sur Cédérom Mac/PC, couleur, silencieux, 366 Ko
L'œuvre intitulée Calendrier 2000, publiée sur le site du Centre Pompidou à l'occasion de l'exposition "Le temps, vite" en 2000, se présente sous la forme d'un site Internet constitué de 365 pages html reliées entre elles par des liens hypertextes. Le principe de navigation est simple : l'utilisateur clique sur la date pour naviguer d'une page à l'autre et voit le calendrier se dérouler dans une chronologie inversée de façon récursive, de la date du jour jusqu'au 1er janvier 2000.
Les pages sont toutes composées selon un même modèle au graphisme élémentaire : une date suivie d'une citation, accompagnée du nom de son "auteur". Mais la maxime proposée par Claude Closky pour chaque jour de l'année se distingue des dictons figurant habituellement sur les éphémérides : il s'agit en effet de slogans publicitaires accompagnés, en fait de noms d'auteurs, des marques qu'ils ont promues. Ces slogans s'enchaînent par analogie, reprenant fréquemment un mot présent dans la formule précédente : " Tout commence par le regard " Clarins, " La vie n'est qu'un regard " Isabel Canovas. Parfois le rapport est moins direct, procédant par associations d'idées : " Le meilleur est encore à venir " Apple, " Prenons notre futur en main " Les Echos, ou réitérant une structure syntaxique : " La mode est aux économies " E. Leclerc, " Le temps est au luxe " Elle.
L'artiste joue ici de l'effet comique dû à la discordante contiguïté entre les citations, à l'accumulation des slogans, qui en perdent leur sens, et qui, de surcroît, ne sont plus associés à l'image du produit ou au visuel publicitaire avec lesquels ils fonctionnaient. Les slogans se suivent et se ressemblent, leurs divergences disparaissant dans la litanie publicitaire, ils affirment tout et son contraire, pour finalement ne plus rien signifier. François Piron l'explique dans le dernier ouvrage monographique consacré à l'artiste, Hello and Welcome :
" En héritier de Douglas Huebler à l'ère de la super-consommation de signes, Closky n'a pas davantage envie d'en ajouter, même un seul, plus ou moins intéressant, à un monde qui en est déjà rempli. Sa méthode consistera alors bien souvent à se saisir de signes préexistants en s'attachant à en évacuer la téléologie et le contenu signifié, par exacerbation, accumulation et dilution, pour ne conserver que la seule énonciation divertissante de leurs signifiants, où la réitération du même révèle l'aliénation générée par des codes de représentation standardisés ".[1]
Avec Calendrier 2000, Claude Closky s'inscrit dans des problématiques, et a recours à des techniques, qui caractérisent son travail depuis dix ans : des matériaux préexistants, tels que des éléments publicitaires - qui sont l'une des sources de son travail, sont détournés et évidés de leur sens, grâce à la décontextualisation et à l'accumulation. Ces collages de documents publicitaires hétéroclites mais quasiment interchangeables ont été déclinés par l'artiste dans divers média artistiques, que ce soit sous forme de vidéos (notamment avec 200 bouches à nourrir (1994), un collage de centaines de séquences publicitaires dans lesquelles les figurants ingurgitent de la nourriture) ou sous forme de collage papier (Mon père (2002) recrée un album de famille fictif à partir de publicités tirées de magazines et mettant en scène des hommes), etc. Par ailleurs, le travail très obsessionnel de l'artiste avec les chiffres et les catalogues réapparaît également dans Calendrier 2000, notamment à travers l'utilisation du calendrier qui n'est pas sans rappeler son œuvre de 1991, Les 365 jours de l'année 1991 classés par ordre chronologique.
Emilie Benoit
http://www.centrepompidou.fr/sitesweb/closky/calendrier2000/00_12_22.htm
[1] François Piro ou encore", in Claude Closky, Hello and Welcome, éd. par Odile Biec Morello, Frédéric Paul, Bignan : Domaine de Kerguéhennec; Pau, Centre d'art contemporain Le Parvis, 2004, p. 92.