Oblomov, 2001

Cédérom Mac/PC, couleur, silencieux


Un personnage seul et inactif. Pensif ou endormi, il reste indéfiniment immobile tant que le spectateur ne fait rien. Si le spectateur intervient ("clique"), le personnage effectue une action. Il se lève, téléphone, fume une cigarette, etc. A peine sa tâche achevée, le personnage retrouve son état contemplatif, jusqu'à ce que le spectateur intervienne de nouveau. Ce projet est réalisé au moyen d'un procédé qui consiste à faire persister un instant d'une séquence vidéo aussi longtemps que le spectateur n'intervient pas. Un feuillage reste ainsi indéfiniment animé, une fontaine jaillissante, un dormeur assoupi, etc. L'image ne se fige jamais. La vie semble se poursuivre. L'intervention (le "clic") du spectateur est comparable à celle du joueur de jeu vidéo qui guide son personnage. La différence - essentielle - tient à ce qu'il n'agit pas sur une réalité reconstituée en deux ou trois dimension, mais sur une réalité saisie photographiquement. Il a ainsi la sensation d'intervenir sur cette réalité, de réveiller le dormeur, de bousculer l'inactif. Ce film s'inspire librement du personnage créé par Ivan Gontcharov. Le spectateur est confronté à un individu dont l'inclination naturelle est de ne rien faire. Son seul choix est de respecter ou non la tranquillité du personnage. Ignorant quelle sera l'action qu'il déclenche, son impulsion n'est pas le "fait ci! fait ça!" du jeu vidéo, mais un simple "Fait quelque chose!". Le personnage agit alors, comme mu par sa culpabilité ou par un “pourquoi pas?” , mais invariablement, au bout de quelques instants, il retrouve un état contemplatif ou assoupi, comme apaisé par un “à quoi bon?” intérieur. Le spectateur est ainsi renvoyé à un “à quoi bon cliquer?”, un “à quoi bon agir?”, un “à quoi bon l'interactivité?”…