En attendant le récit / Tales of Narrativelessness, 2024
1002 conversations entre trois différents systèmes génératifs IA, 3 ordinateurs, 3 models de langage : GPT 4.0, Claude 3.5, Mistral Large , 3 bancs, 1 plaque de laiton gravée, 1 texte projeté
Tout d’abord reconnue dans le champ du film, la pratique d’Éric Baudelaire s’étend à la photographie, la performance, l’installation et l’édition. Son travail utilise diverses formes d’investigation pour penser la notion d’événement, les traces qu’il peut laisser, et leur potentiel social et politique.
Avec En attendant le récit/Tales of Narrativelessness, l’artiste adopte pour la première fois les outils de l’intelligence artificielle. Sur une place publique mise en scène par des bancs de la Ville de Paris, les voix synthétiques de trois personnages développent une conversation théâtrale, parfois erratique. Celle-ci est générée par trois grands modèles de langage produits par trois entreprises différentes - et concurrentes. Puisant au réservoir illimité d’idées extraites des contenus d’Internet, les personnages échangent leurs opinions sur la crise de la vérité et la fin des grands récits, avant d’inventer à leur tour de nouvelles histoires. Jack et Jill, Lucky et Pozzo, Rosencrantz et Guildenstern sont régulièrement bousculés dans leurs réflexions par les interventions intempestives d’un Dramaturge ivre qui s’attache à distiller un chaos productif. Tirant parti du hasard, de l’inattendu et de l’absurde, les 1 002 pièces ainsi créées font écho aux stratégies subversives du théâtre de William Shakespeare, de Samuel Beckett ou d’Eugène Ionesco.
Pour Éric Baudelaire, le prompt s’inscrit dans la tradition, propre à l’art conceptuel, des partitions de performance et des protocoles qui invitent à déléguer la production de l’œuvre. Ici, le dispositif technique est lui-même exposé au public : trois ordinateurs et une plaque en laiton gravée où l’on peut lire, à titre d’exemple, le code et le prompt qui ont permis l’élaboration de l’un des scénarios.
Marcella Lista, 2025