Changing Parts, 1984

BVU, PAL, noir et blanc, son


Le décor vide d'une salle de bain, pris en instants photographiques. Ces images successives, tournées dans la maison de ses parents à Beyrouth, déclinent lentement des lignes horizontales et verticales, décomposent les cadres d'une fenêtre, d'une porte, d'un miroir, dans le silence. Et l'on pourrait croire que rien n'habite cet espace, excepté les faisceaux de lumière qui y pénètrent. Puis, comme pour répondre à l'attente, apparaissent des fragments de corps, les pieds, le ventre, les mains.
Derrière le grain de l'image, comme un brouillard grisâtre, ou la vision macroscopique du grain de la peau, le corps apparaît dans son entier, baigné dans une eau trouble. Il se bouscule, se débat, se propulse avec violence contre son enveloppe embryonnaire qui semble le retenir de sortir de l'image. Des bruits lointains, acousmatiques, témoignent de ce combat paradoxal, tandis que la paroi-écran se recouvre de traces noires, de traînées de sang.
Cette deuxième partie renvoie aux performances de Mona Hatoum, et plus particulièrement à Under Siege, créée en 1982, où, nue dans un caisson de verre, elle se débattait contre le froid dans un mouvement permanent, pendant près de sept heures.


Stéphanie Moisdon