Propellerband, 1979

U-matic, PAL, couleur, son


Dans l'intervalle entre deux images d'archives (Saipan en 1945), toujours la même séquence de guerre, Klaus vom Bruch inscrit, fugitivement, dans la mémoire allemande, son propre visage, une image prégnante, récurrente, son regard porté sur la mémoire historique. Cet autoportrait se construit autour d'un espace conflictuel entre deux registres d'images, deux temporalités qui s'affrontent, s'entrechoquent dans une fusion impossible.
Cette œuvre, axée sur la répétition, entraîne le regard dans le mouvement de spirale, hélicoïdale, qui déréalise progressivement l'image. S'il utilise souvent les images d'archives des machines de guerre (ici l'hélice d'un B17), c'est pour mieux s'inclure dans le flot de cette réalité et tenter d'agir, de parasiter le déroulement infernal de la violence mécanisée et anonyme qu'elle représente. Cette intrusion obsédante dans le corps de la machinerie de guerre se propage au-delà de la durée de sa fréquence jusqu'à faire de la représentation historique son propre miroir. Propellerband joue, par ailleurs, sur les mécanismes de l'hypnose, montre et démonte les rouages du film de propagande où une image en cache toujours une autre plus puissante, un flash subliminal qui déborde plus loin que ses contours.


Stéphanie Moisdon


(Texte extrait du catalogue 'Vidéo et après', éd. Centre Pompidou/ éditions Carré, 1992)