Bataille, 1993

Betacam SP, PAL, 4/3, couleur, son


Cette bande vidéo, réalisée peu de temps avant sa mort, met en scène Absalon en train de lutter sans cesse et jusqu'à épuisement contre des forces invisibles. La caméra, installée en un point fixe, montre l'artiste, vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise blanche, se battre et se débattre contre sa propre ombre. Il se met à genoux, puis il glisse, se relève et se retourne pour chercher "l'ennemi".


De même que la bande vidéo a été conçue pour être montrée en boucle, ses mouvements sont circulaires, sans début ni fin et répétés à l'infini. De façon systématique et obsessionnelle, Absalon tourne littéralement en rond. Sans trouver de solution. Une tension est mise en place, mais jamais résolue.

La caméra fixe découpe un cadre qui définit la scène représentée. L'artiste est ainsi montré dans le double enfermement du cadre et d'une de ses cellules blanches. Bataille évoque la nature contraignante des espaces conçus par Absalon. Ses gestes rappellent ceux d'un prisonnier qui se bat contre le vide, contre lui-même, pendant qu'il se déplace dans cette cellule étroite, confinée, éveillant un sentiment de claustrophobie. Comme Absalon l'a affirmé lui-même : "Je tente de créer un système infaillible, ce qui d'une certaine façon est une prison totale."


Bataille joue également comme une proposition métaphorique qui place l'artiste au centre de son processus créatif. Il se retrouve en lutte avec les idées paradoxales engendrées par ces cellules d'habitation qu'il a lui-même construites. Ces notions antinomiques oscillent entre privé/public, rationnel/irrationnel, nomadisme/sédentarisme, confort/inconfort. Comme dans ses espaces de liberté restreinte, Absalon lutte pour acquérir le contrôle d'une situation qui s'obstine à lui échapper.


Cristina Ricupero