Untitled (Vulture in the Studio), 2002
1 projecteur, 1 amplificateur, 2 haut-parleurs, 1 caisson de basse,
1 bande vidéo, PAL, couleur, son stéréo, 9’36’’
Dans l’installation Untitled (Vulture in the Studio), consistant en une projection son et couleur d’une dizaine de minutes à échelle réelle dans une salle obscure, le spectateur assiste à l’irruption d’un vautour dans l’atelier de l’artiste. Visiblement sans repères, l’oiseau, à la taille impressionnante et l’allure menaçante, vient se percher sur les étagères situées contre le mur gauche de la pièce. Il sème le désordre derrière lui, jetant à terre, à coups de bec, livres et papiers accrochés au mur. Immobile pendant quelques instants, les ailes légèrement déployées, il s’élance tout à coup de l’autre côté de l’atelier, dans un grand bruit d’ailes, avant de revenir à son emplacement initial. Ses ailes sont à présent presque entièrement déployées ; leur ampleur est effrayante. Soudain, la pile de livres sur laquelle l’oiseau est perché tombe à terre dans un bruit sourd. Le vautour glisse sur le parquet, puis tente un second envol. Il revient finalement sur l’étagère. Hormis le bruit des pas dans la pièce adjacente à l’atelier dans les premières secondes de la vidéo, annonçant la mise en liberté du rapace, aucune présence humaine n’est audible, ou visible. La caméra est fixe, placée frontalement par rapport à la pièce rectangulaire. L’action se déroule de manière linéaire aux yeux du spectateur, la vidéo n’ayant pas fait l’objet de montage. Ces principes formels sont récurrents dans les vidéos d’Onofre. Tandis que Believe (Levitation in the Studio) et Catriona Shaw Sings Baldessari Sings LeWitt Re-edit Like a Virgin Extended Version consistent en des réappropriations de vidéos réalisées respectivement par Bruce Nauman et John Baldessari, Untitled (Vulture in the Studio) n’a pas de référence précise. Cependant, comme le note Pedro Lapa, la vidéo renvoie aussi bien aux Oiseaux d’Hitchcock qu’à L’ange exterminateur de Buñuel. Mais à la différence de ces films, l’homme en tant que protagoniste est exclu de la scène tournée par Onofre, et seul l’imprévu, associé à l’hostilité et l’agressivité du rapace, régissent le déroulement de cette action réelle. Aucune fiction, mais au contraire la certitude de la présence irrationnelle du vautour dans l’espace fermé de l’atelier, face à la caméra, n’est révélée au spectateur.
F.B.