Disséquer par le biais de la photographie et de la vidéo les moments de l'histoire de la Roumanie et leur mémoire, tel est l'enjeu du travail de Mona Vatamanu et Florin Tudor. En s'intéressant aux mutations architecturales qui redéfinissent la question du territoire, ce jeune duo cherche à réactiver la mémoire collective de la culture roumaine en revenant sur des lieux historiques dont Ceausescu a fait table rase. Leur travail, employant différents médiums - photographie, cinéma, performances, projets sur site, etc. - est construit dans un esprit semblable au Situationnisme où l'art est pensé en outil politique.

Procesul est construit sur un texte qui semble être une performance théâtrale plutôt que la transcription d'un procès. La caméra, embarquée derrière les vitres d'une voiture, filme des façades de barres d'immeubles construites sous le régime communiste, demeurant inchangées depuis quinze ans tandis que la transcription du procès du dictateur communiste Nicolae Ceausescu et de son épouse Elena est lue sans interruption ni émotion. L'intensité du film est créée par la tension entre l'incessant mouvement de la caméra qui donne le tournis et la lecture continue et inexpressive du procès, remémorant ainsi un très sombre épisode de l'histoire moderne.