Temps Mort, 2009

Vidéo, fichier numérique, 720 x 576, couleur, son, 18'


Temps mort est la première vidéo qui a fait connaître Mohamed Bourouissa en France. Filmée avec un téléphone portable, elle s'inscrit d'une certaine manière dans une histoire conjointe de l'image en mouvement et de ses appareils d'enregistrement, décrivant l'entrée progressive dans le cadre – à la suite des ouvrier·ère·s des usines Lumière – de populations invisibles. […] L'artiste y expérimente une modalité de production des images qui deviendra un principe, reposant sur une collaboration avec le sujet représenté au moyen d'un échange, ou plutôt d'un marché. D'ailleurs, ces images pauvres sont, dans leur contexte de production, des images couteuses à plusieurs titres. Elles sont monnayées par des recharges de crédit téléphonique que l'artiste propose à JC, détenu dans une prison de la région parisienne, contre des séquences filmées depuis sa cellule. C'est ce commerce que décrit Temps Mort et qui n'est autre que son processus de réalisation : des images de l'intérieur de la prison contre des recharges de crédit pour communiquer secrètement avec l'extérieur. Aux plans commandés par l'artiste à JC, s'ajoutent les images demandées par JC à l'artiste et dérobées à leur tour dans la vie ordinaire qui se déroule de l'autre côté. Ainsi s'élabore au montage un champ-contrechamp imprévu entre deux espaces ceints et deux désirs de voir dont le film serait, comme souvent chez Bourouissa, un simple point de rencontre. Mais il fait aussi le récit du devenir filmant du sujet filmé, pris en charge dans une extrême sobriété par l'affichage des textos rappelant les cartons du cinéma muet.